Patriam  Recuperare  et  Albert  Kirchmeyer             

Ce mouvement de Résistance fut d'abord l'initiative de francs-maçons qui refusèrent la lettre du Grand Orient de France adressée au Maréchal Pétain le 7 août 1940 annonçant la dissolution de la Franc-Maçonnerie.

Une loge clandestine L'Atelier de la Bastille fut créée dont la première Tenue est organisée au domicile d'Albert Kirchmeyer qui avait su rassembler et convaincre. Une franc-maçonnerie clandestine s'organisa ensuite et prit le nom de Comité d'Action Maçonnique. La clandestinité devint résistance alors que plusieurs groupes de maçons s'organisaient. Le groupe Liberté de Levallois-Perret et de Villeneuve-Saint-Georges devint en s'agrandissant L. E. F : Liberté-Egalité-Fraternité. L'action résistante du mouvement Patriam Recuperare commença donc progressivement dès 1940. Le mouvement ne s'arrêta pas à la franc-maçonnerie et fut ouvert à tous.


Albert Kirchmeyer organisa aussi "Le Cercle" et  "La Ligue".

Leur constitution reposait sur l'idée de devoir réunir les différents acteurs de la Résistance,  comme le fera le Conseil National de la Résistance, pour préparer la Libération.


Les actions de ces différents groupes étaient reliées à la même adresse, celle d'Albert Kirchmeyer, qui centralisait les informations, réunissait les personnes. Les réunions clandestines étaient couvertes par l'activité d'une société dont le siège était à cette même adresse, et que gérait Kirchmeyer et Gustave Eychène : la SACAP, 123 rue Saint-Antoine. 

C'est à cette adresse que furent arrêtés plusieurs résistants le 3 mars 1943.


Après l'arrestation de Kirchmeyer et d'autres, Gustave Eychène donna au mouvement le nom Patriam Recuperare. Le mouvement se resserra autour du CAM (Comité d'Action Maçonnique), bien que ceux de La Ligue continuaient leurs actions.

Renseignement

L'Atelier de la Bastille

 

Créé le 24 septembre 1940, sa première Tenue a lieu le dimanche 24 novembre 1940 au domicile de Kirchmeyer. Les premiers membres en sont :

Charles Aulard, Victor Bassot, Marcel Cerbu, Ionis Corneloup, Gustave Eychène, Etienne Garrigou, Eugène Gauthier, Paul Gremait, Jean Guillaud-Crozet, Albert Kirchmeyer, Albert Legrand, Saffrey, Georges Zaborowski.

Ceux soulignés étaient de la loge Les Travailleurs de Levallois dont Eugène Gauthier fut le Vénérable avant de devenir membre du Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France. Il fut le Vénérable de L'Atelier de la Bastille mais malade, décéda le 19 octobre 1941.

Ceux de l'Atelier de la Bastille participèrent pour la plupart au groupe Liberté qui devint L.E.F.


Le Comité d'Action Maçonnique

 

Il est fondé officiellement le 7 janvier 1941, ne cessa pas son action du début à la Libération. Les premiers signataires sont :

Louis Bonnard, Gustave Eychène, Kirchmeyer, Ambroise Peloquin, Marc Rucart, Edouard Soubret.

S'ajoutent Louis Lapicque, Henri Lortholary, Henri MathieuRené Paty, Georges Zaborowski

 

Les membres du C.A.M. représentaient la Franc-Maçonnerie clandestine et agissaient pour La Ligue, Le Cercle, en lien avec d'autres réseaux de Résistance. 
Voir ici 


Le Cercle

 

veut regrouper des intellectuels (certains issus de l'Union Rationaliste), des représentants politiques et ceux des réseaux de Résistance afin d'organiser La Ligue. Le Cercle rassemble plusieurs représentants :


Cercle et Ligue : Ambroise Peloquin et Albert Kirchmeyer

Comité d'Action de l'Enseignement : Louis Lapicque, Lapierre, René Lemière, Martinet, Paty, Vidalenc

C.G.T. : Charles Laurent, Louis Saillant, Alphonse Thil

Fonctionnaires : Roger Verlomme

L.E.F. : René Quenouille

Libération-Nord : Maurice Ribière

Ligue des Droits de l'Homme : Sicard de Plauzolles

Parti Radical-Socialiste : Marc Rucart

Parti S.F.I.O. : Jean Biondi et Amédée Dunois

 

Lors d'une réunion de décembre 1942, le Cercle réunit 123 rue Saint-Antoine : 

Peloquin, Lapierre, Paty, Laurent et Saillant, Quenouille, Ribière, Sicard de Plauzolles, Rucart, Biondi et Dunois.

Ils signèrent un texte annonçant leur volonté d'action via La Ligue, texte qui parvint à Londres au Général de Gaulle par l'intermédiaire de Henri Manhès. 

Liberté-Egalité-Fraternité

 

L. E. F. rassemble des résistants de Levallois, Villeneuve-Saint-Georges, Bourg-la-Reine et Paris. On y retrouve :

 

Ceux de Liberté de Levallois :

Charles Aulard, Suzanne Cahen, Gustave Eychène, Henri Mathieu, Saffrey avec ceux de la Loge les Travailleurs : Etienne GarrigouPaul Gremait, Guillaud-Crozet, Albert Kirchmeyer et Albert Legrand (chef de section de Levallois).

 

Ceux de Liberté de Villeneuve-Saint-Georges :

Léon Boutbien (chef de section), Camille Chopin, Gabriel Costes, Henri Grégoire, Roger Lombard, Gaston PateauRené Quenouille, Ernest Truphémus

 

Le groupe de Noël Riou :

où l'on retrouve Gaston Pateau, René Quenouille, Roger Lombard - avec Marcel Cerbu, steghens, Kellner, Lelièvre, Marcel Quillent.  Ils fusionnent avec Liberté de Villeneuve-Saint-Georges après les arrestations en 1941 de Marcelle Alphand et Jose Roig  et les arrestations en 1942 de Pierre Borderie, Hélène de Ploëuc, Noël RiouGaston Weil.


S'organise un service de renseignement avec un chef de groupe Gaston Pateau et plusieurs chefs de section dont

Célestin Aldou, Marcel Cerbu, Roger Lombard, René Quenouille et Charles Lesec de Bourg-La-Reine.

Y participent aussi René Albouy, Célestin Aldou, Jean AntoniniRené Duban, Eugène Dumaine, Yvonne FouquierHenri Goustard, Eugène Jacquinot, André MasspacherAndré Nadal, Marcel QuillentRoger RevoilJoseph Sécher...


Les Renseignements pour L.E.F. (Liberté-Egalité-Fraternité) convergent vers Albert Kirchmeyerrue Saint-Antoine.

La Ligue

 

Elle permet l'extension du renseignement et des actions vers les provinces et la zone libre. La Ligue organise aussi les contacts avec les autres réseaux et mouvements de Résistance qu'elle voudrait rassembler.


A sa tête, Albert Kirchmeyer, Gustave Eychène et Ambroise Peloquin, relayés par :

- Les agents de liaison :  Léon Benzimbra, Charles LesecVictor Martin, Roger Ullmo qui permirent des liaisons notamment avec Lyon (André Weiss), Montpellier (Marc Rucart), Nice (Aristide Quillet)

- Les chefs de Paris : Gustave Eychène et Henri Mathieu

- Les chefs de la région parisienne : Marcel Cerbu et Henri Lortholary

- Les chefs de régions : Jean Biondi, Gaston Pateau, Valentin Thomas, Ambroise PeloquinAristide Quillet, André Weiss, Louise Weiss

- Un secrétaire : René Hug

Se tissent un travail de renseignement, une filière d'évasion avec : 

James Alloiteau, Colonel Paul ArdouinJules Berrou, Camagna, Choquet, CorcoralCottineaux, Jean Cuvillier, Denis Louis, DesbiotPierre DuverneHélène Henry, Albert Kirchmeyer, LevillainLéon Lamorlette, Antoine Landré, Lucien Lautrey, LebrunRené Lemière, LeparouxPeloquin, Violette QuesnotCharles Rispal, Victor Roussel, Georges Varenne... 

Il faut citer également le groupe de Jean Hubert Canale de Saint-Germain-En-Laye et celui de Jean Félix Paulsen à Chateaudun. 

... Beaucoup d'autres...


Après 1943, les renseignements sont relayés par le réseau Vélite-Thermopyles vers Londres. 

 

La particularité du groupe L.E.F. (Liberté-Egalité-Fraternité) est de rassembler entre autres, de nombreux fonctionnaires de police de la Préfecture de Police de Paris. C'est au sein de ce groupe qu'a lieu un coup de filet des Brigades Spéciales : elles arrêtèrent de nombreux agents, fin février-début mars 1943, en croyant débusquer un réseau communiste.


Beaucoup de résistants de L.E.F. étaient liés également au réseau Frédéric, fondé par Henri Manhès. Les renseignements n'étaient donc pas toujours ou pas uniquement pour L.E.F.

De cette dualité est née semble-t-il une certaine confusion des appartenances politiques, des actions et de l'organisation, fragilisant grandement la filière.

Le réseau Frédéric ne fait pas partie des groupes de Patriam Recuperare

Patriam Recuperare et La Nouvelle République :

 

Après les nombreuses arrestations de 43, les résistants de La Ligue et de L.E.F. (Liberté-Egalité-Fraternité) continuent leurs actions autrement, souvent en s'affiliant à d'autres réseaux de résistants. C'est surtout L.E.F. qui sans Kirchmeyer, Pateau, Quenouille et les autres, n'a plus d'existence. Le Cercle/La Ligue sont supplantés par le C.N.R. Au moment de la Libération, certains participeront aux combats de 1944, en tant que FFI parfois. 

Affiliés à PR fin 1943, un groupe de sapeurs-pompiers de Paris sous les ordres du Capitaine Frédéric Curie (fondateur de Sécurité Parisienne), entres autres actions, commettent des sabotages : Aimé et Jean Camus, René Beltramelli, Maurice LemaireHenri Piétrois, Jean-Baptiste Wendling.


Patriam Recuperare, ainsi nommé par Gustave Eychène, 82 ans, s'oriente surtout vers la publication du journal clandestin déjà envisagé dès 42 et qui paraît en novembre 1943. Eychène est aidé d'Alphonse Thil dit Gaston à Montrouge et de Jean-Jacques Fort et Madame Fort, de Marc Blosseville, Eugène Bonal, Médéric Fracquin, Elise Levin-Prégermain, Maurice Pracquin, Aristide Seguin, pour la fabrication et la diffusion et de Victor Bassot (pour le papier). Louise Weiss apporte son expérience de journaliste et des financements, elle rédige des articles ainsi que Louis Bonnard et d'autres...